Clean
Les mousses traînaient sur le pont, des ficelles plein les poches, espiègles.
La dernière en date, leur avait valu un bon savon ; celle d’avant, coûté trois des leurs, noyés par de rudes marins.
Ils écumaient, la rage aux gueules prêtes à mordre les filins des misères, pour qu’éclatent les misaines libérées ; jolis coups.
Leurs malices les fourvoyaient dans des complots insensés.
Mutineries du clan, mortelles, coup sur coup.
La clique savait la loi du bord.
Le captain, le second, les anciens, l’appliquaient sans remords.
Jamais, après six mois de mer, on ne passerait désormais la moindre éponge à leurs folies.
Réduits, comme toujours, au lave-pont, à la soute à charbon, l’alternative unique passait par-dessus bord.
Les mioches, bons nageurs, rêveurs, fiers à bras, tentaient le saut de l’ange quand au loin cinglait un gros nuage en forme de refuge, au ras des vagues.
Les autres, tétanisés de haine, aveuglés par la vengeance, volaient à l’équipage les surins, les mousquets et s’enhardissaient encore, d’alcool chapardé.
Le voilier filait bon vent sur l’océan.
... Les ficelles traînaient les mousses sur le pont...